La vérité
La vérité judiciaire a été proclamée.
Certains s’en trouvent frustrés. « On ne saura jamais
la vérité » disent-ils. Quelle vérité ? Celle qui peut-être essaiera
de se frayer un chemin lors de l’hypothétique procès civil ? Il s’agira
alors de la parole de l’une contre la parole de l’autre. La vérité
éclatera-t-elle vraiment d’une confrontation de récits ? Il est probable
que non. Deux scénarios s’affronteront et l’abandon des charges pour le procès
pénal révèle qu’on ne saurait attendre des éléments matériels une quelconque
aide pour savoir ce qui s’est réellement passé.
On dit aussi : « la vérité, seules deux personnes
la connaissent. »
Est-ce si sûr ? On s’accroche parfois à ses propres
mensonges. On y croit sans réserve et on pourrait parfois mourir pour eux.
Quand le mensonge va si loin que la vérité peut être létale, le mensonge
devient la vérité au nom de laquelle on luttera à mort.
Ce dont ils ont été les protagonistes, peut-être le
savent-ils, peut-être ne le savent-ils plus. L’un ment peut-être, oui, c’est
possible. On aimerait le croire finalement. Une illusion qui nous resterait
après ce maelström de fantasmes. Mais rien n’est sûr et il est également
possible que chacun croit à sa vérité sans avoir le sentiment de se mentir ni à
soi-même ni aux autres.
Ce qui est sûr, c’est que la vérité judiciaire, elle, a été
dite. C’est celle qu’on a aujourd’hui. Et elle nous place devant un immense
gâchis, et une véritable honte de ce que peut nous offrir le monde médiatique
contemporain.
Le père.
Il a été tué, sans aucun doute. Lui qui voulait toutes les
femmes, lui qui pouvait s’offrir toutes les femmes. Lui qui avait le savoir de
ce qu’on vit (économie mondiale), lui sur lequel reposaient tant d’espoirs en
France. Un espoir de père, de quelqu’un qui nous protège de l’inévitable
mondialisation, qui sait y faire et qui serait quand même bienveillant (de
gauche).
Il a été tué et la jouissance qui a accompagné le meurtre
était à la mesure du traumatisme. DSK était juste un homme ? Il a eu tort
de le croire. Non, c’était le père.
Nous ne voulons pas du père. Nous le voulons mais nous ne le
voulons pas. Nous préférons l’un des nôtres. Même s’il nous laisse totalement
insatisfait. Sarkozy, par exemple. Celui qui aime l’argent (en tous les cas qui
n’en a pas honte), celui, parmi nous, qui a la volonté, la détermination,
l’envie. Celui qui est ambitieux, autoritaire, colérique. Celui qui s’agite,
parfois pour le succès, parfois pour l'échec. Sarkozy est des nôtres. C’est
pourquoi on peut lui en vouloir d’ailleurs. Il a nos défauts. Alors qu'il a le
pouvoir.
Mais le père… Celui qui va nous apaiser, celui sur qui on va
se reposer, celui qui fort de l’autorité, du savoir, de l’expérience acquise au
FMI allait revenir à la maison s’occuper de nous… Celui-là, il aime les femmes
dit-on. C’est normal. Le père aime les femmes. Il n’est pas castré comme nous.
C’est le père de la horde primitive de Freud.
Eh bien celui-là, on l’abat. C’est la curée. Il prête le
flanc et on le coupe en deux.
Le plus cruel, bien sûr, c’est qu’il l’ignorait. Il ignorait
ce qui se tramait. C’est peut-être sa faute. Sa vraie faute.
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