25 octobre 2020

En échec

Nous sommes en échec. 

Dès le mois de juin la deuxième vague était à prévoir. Dès la fin du mois d’août on la voyait arriver. Et nous sommes en plein dedans. Au point que ce qui était impensable hier – un nouveau confinement – devient possible voire probable aujourd’hui.


L’échec est patent.

On peut faire l’hypothèse que le gouvernement a réellement voulu laisser les Français un peu tranquilles cet été. Communication molle, appel à la responsabilité plutôt qu’à la contrainte, choix d’un discours le moins anxiogène possible.

Obliger les Français à porter le masque, imposer des couvre-feux dès qu’il était évident que les regroupements étaient à risque, autant de mesures impossibles et écartées avec détermination.


On a compté sur une stratégie (tester-tracer-isoler) qui a été mise en échec par un manque d’anticipation sur les conséquences de la massification des tests.


Il ne faut plus jamais dire : « « restez vigilants ». Ça ne veut rien dire. Ça n’a rien voulu dire cet été. Ça n’a eu strictement aucun effet. Cette expression a été une calamité.

Il ne faut plus en appeler à la responsabilité individuelle ou collective. Ça n’a pas marché.

D’où les couvre-feux et demain le confinement de nouveau.

C’est vraiment un échec sauf à penser que ce confinement était prévu, anticipé. Ça s’appelle la stratégie du « stop and go ». On peut débattre de sa pertinence. Ça n’est pas celle qui est assumée aujourd’hui. 

Mais qu’est-ce qui est assumé réellement ? Pas grand-chose.

Tout sauf le confinement a dit le gouvernement pendant des semaines.

Le confinement on aura.

Ça c’est l’échec. C’est simple et sans appel.


A qui imputer cet échec ? A nous ? A eux ? Aux autres ?

La vague submerge l’Europe. Quelles que soient les stratégies. En Italie où ils n’ont cessé de mettre le masques cet été : seconde vague. En Allemagne, le grand modèle : couvre-feux et les confinements locaux ne sont pas loin. En Espagne, en Grande-Bretagne, en Suisse, en Belgique, aux Pays-bas…


C’est vrai, ça relativise l’échec. Quelles que soient les stratégies, les moyens, la structure du système de santé, il semble bien que tous en Europe et au-delà, nous soyons dans l’échec.


Oui il aurait fallu mettre des masques, ne pas sortir, ne pas se réunir, ouvrir les fenêtres.

On aurait retardé la vague. L’aurait-on évité ? 

On ne sait pas.


Qui aurait fait mieux en France ? Ne cherchez pas : personne.

La France aurait-elle pu faire mieux ? Peut-être, si on n’avait pas les râleurs, les chialeurs, les enfants gâtés, les politiciens calculateurs et les médecins narcissiques.

Mais ça n’est même pas sûr.


Nous aurions été peut-être plus efficaces si nous avions été plus unis, plus forts, plus endurants, plus durs à la douleur.

Mais ça n’est pas nous. Pas cette fois. Pas à l’heure des réseaux sociaux et d’une remise en cause de tous les savoirs.
Nous payons le rejet des élites. Nous voulons boire nos propres concoctions, elles sont aussi bonnes que les leurs. Et nous en crevons. Tant pis, c’est notre panache dirons les grands philosophes.


Nous voulons nos propres valeurs, elles sont aussi bonnes que les leurs, les amoureux de la République.

Nous ne voulons pas de leur école. Nous voulons qu'on nous enseigne nos propres fantasmes.


Le partage du savoir que favorise Internet a cet effet paradoxal de tuer le savoir.


On ne veut plus du savoir on veut du rêve. Et quand le Réel nous atteint, on ne le voit même plus.

Une « gripette ». « Les hôpitaux ne sont pas surchargés ». « La Chloroquine marche très bien, elle sauve des gens »…

On ne voit plus ce qui arrive. Nous sommes devenus aveugles.


Le réel revient parfois. Quand Chris Christie, homme politique américain et Républicain, soutien de Donald Trump, a eu le Covid et a passé une semaine en réanimation, il est revenu sur son « erreur » d’avoir cru que le masque était inutile. 

Les états américains à majorité républicaine aujourd’hui sont submergés par une troisième vague, plus durement que les autres états.

Le Réel vient rectifier les choses de temps en temps. 

Le Réel n’est pas républicain ni démocrate. Trump a eu le Covid mais s’en est très bien sorti.

Le Réel échappe juste à la logique de votre fantasme.


Nous sommes en échec sur l’épidémie car nous allons de nouveau être confinés (je le crains réellement même si j’espère que les mesures prises aujourd’hui vont produire leurs effets).


Nous sommes en échec dans notre lutte contre l’islamisme politique.  Nous n’avons pas voulu le voir monter, le voir exploiter les frustrations, instrumentaliser le sentiment de culpabilité d’une gauche qui accepte souvent le pire au nom du meilleur.

Nous n’avons pas su protéger les Musulmans des coups que leur porte l’islamisme.

C’est là aussi un échec. Ils le subissent autant que quiconque, ils en sont les victimes physiques comme tout le monde. 

Hurler à l’islamophobie quand on lutte contre l’islamisme politique c’est faire l’amalgame destructeur, mais peut-être calculé, entre Musulmans et islamistes. C’est participer au programme de fracturation de la société appliqué par les terroristes.

Par idéalisme, par générosité ou par romantisme, nous sommes capables de faire beaucoup de mal… Mais c'est souvent aussi par calcul cynique, par soif de pouvoir, par aveuglement idéologique. Les idiots utiles de l'islamisme se recrutent sous différents angles.


A chaque fois que nous n’aurons pas le courage d’affronter le réel parce que nous lui préférons le fantasme, il reviendra nous frapper au hasard, sans logique, sans justice, sans prévenir, à la sortie d’une école ou d’une fête de famille. Il reviendra nous mettre en échec quels que soient nos espoirs ou nos valeurs.

11 octobre 2020

Une nouvelle approche pour se protéger de l'épidémie

Quelques recommandations pour une nouvelle approche de la lutte contre l’épidémie de Covid19.


Ces recommandations sont imaginées pour Paris mais ont évidemment vocation à être déclinées et mises à jour dans d’autres grandes villes. Elles devraient probablement être valables jusqu’à la baisse significative des contaminations et plus vraisemblablement jusqu’à la disponibilité d’un vaccin.


Ces recommandations sont destinées à la « population à risques » : les plus de 60 ans, les gens présentant les comorbidités identifiées comme facteurs de fragilité (surpoids, diabète, etc.) Les membres de cette population peuvent être identifiés comme tels par les médecins traitants si jamais ils ne savent pas très bien comment se situer. 


1 – Distribution par les médecins traitants de masques N95 à raison de 7 par semaine. Ces masques devraient être fournis par l’État et/ou par tout citoyen ayant les moyens d’en commander. Je suis évidemment moi-même prêt à participer à des commandes groupées dans mon quartier par exemple pour fournir les médecins traitants en N95.


2 – Quand vous allez au café ou au restaurant :

  • - N’allez jamais à l’intérieur, toujours en terrasse (protégées et/ou chauffées quand il pleut) 
  • - Portez le masque entre les plats et dès les boissons terminées (le ridicule ne tue pas, la Covid si)
  • - Si les tables voisines ne vous semblent pas être à la bonne distance (1 mètre n’est pas suffisant et quasiment jamais respecté. Il faut 1m50 au minimum), exigez qu’elles soient éloignées. Si l’établissement refuse quittez l’établissement. D’autres se feront une joie de vous accueillir dans les bonnes conditions.
  • - Ne vous installez jamais à une terrasse bondée où les tables sont trop proches les unes des autres.


3 – Chez vous :

  • - Ne recevez plus les gens qui ne font pas partie de votre cercle proche de famille ou d’amis.
  • - Ne recevez pas plus de cinq ou six personnes à la fois.
  • - Gardez toujours le masque chirurgical et exigez des autres qu’ils fassent de même. Si l’un d’eux n’en a pas ou refuse d’en porter, portez un masque N95.
  • - Gardez toujours le masque même avec les enfant petits ou grands. Ils sont habitués à voir des adultes masqués maintenant.
  • - A table, mangez à distance de tout le monde. 1,50m si possible.
  • - Gardez toujours une fenêtre ouverte, deux si possible.
  • - Ne partagez l’ascenseur avec personne. Portez toujours votre masque dans l’ascenseur même si vous êtes seuls.


4 – Magasins et transport :

  • - Portez un N95 dans les transports si possible. 
  • - Si c'est possible, Descendez du bus ou du métro si un usager n’est pas masqué.
  • - N’entrez pas dans les petites boutiques s’il y a du monde.
  • - Sortez du magasin si un client n’est pas masqué.
  • - Ne fréquentez plus les magasins dont le gérant ne porte pas de masque. 

5 – Au travail :

  • - Exercez votre droit de retrait si vous estimez que les règles ne sont pas respectées soit par l’employeur, soit par vos collègues, quelles que soient les circonstances, même temporaires (réunion, cuisine, pause, etc.)
  • - J’appelle les avocats à se regrouper et proposer leurs services pour défendre ces droits de retrait justifiés si jamais ils sont contestés ou sanctionnés.
  • - Demandez le télétravail s’il est possible. Si c’est refusé, portez plainte avec l’aide d’un avocat. J’appelle les pouvoir publics et les avocats à soutenir ces démarches.


En règle générale : protégez-vous, évitez autant que possible ceux qui ne se protègent pas, contestez toutes les règles et situations qui ne sont pas sécurisantes. 

Ne craignez ni la critique ni le ridicule. Ne comptez plus sur les autres.


Je peux oublier des recommandations, et je vous invite à compléter cette liste.

Elles sont destinées à protéger ceux qui doivent/veulent l’être dans le contexte d’une société qui ne veut plus payer le prix fort de la solidarité.

Il s’agit aussi de ne plus culpabiliser personne et de laisser ceux qui ne risquent rien vivre le plus normalement possible, dans les limites de contraintes très légères (qui devraient être mieux contrôlées) qu’impose aujourd’hui le gouvernement. 



Ce nouveau mode d’appréhension de la lutte contre l’épidémie fait appel à la responsabilité individuelle pour se protéger soi-même et non les autres. Et du coup de protéger le système de santé – donc en fin de compte les autres – et la société d’un effondrement dont tout le monde pâtirait. 

Il demande des moyens qui doivent être mis à disposition par les pouvoir publics, les collectivités locales et aussi la population qui le peut.


Je suis prêt à participer à tout initiative qui irait dans ce sens et en particulier à la commande de masques N95 comme à l’éventuelle prise en charge de la protection judiciaire qui serait parfois sollicitée. On peut s’organiser par quartier ou arrondissement.

08 octobre 2020

Deux sociétés face au virus

 Il faut se rendre à l’évidence : Le rapport de notre société à l’épidémie a changé et nous n’en avons pas tenu compte pour établir la nouvelle stratégie de lutte contre la dissémination du virus.

Cela fait maintenant plus de deux mois que le masque est obligatoire dans tous les lieux publics clos et plus d’un mois qu’il est obligatoire en extérieur dans de nombreuses agglomérations.


Nous marchions avec nos masques docilement portés, nous nous croisions, protégés par la distance et le tissu, avec ce sentiment d’être tous égaux devant la mort, comme sous l’uniforme… et nous avons tous traversé ces terrasses de café bondées, où les clients, jeunes pour la plupart, s’entassaient sans masque et sans distance, ce qui rendait notre discipline bien dérisoire.


Nous avons eu vent de ces fêtes, de ces roof tops, de ces raves, de ces mariages, de ces anniversaires, alors que tout le monde le disait : les clusters, c’est là. Nous les avons vues se tenir, impuissants, avec nos gentils petits masques.

Et nous avons vu les hôpitaux se remplir consciencieusement, les services de réanimation repartir tranquillement vers la saturation, le nombre de morts rebondir.

Nous le disions : ceux qui ne craignent rien vont refiler le virus à leurs parents, grands-parents, voisins, amis obèses ou diabétiques, ou juste à quelqu’un qui ne le supportera pas, sans fragilité spécifique, peut-être à cause de la stupide génétique. 


Rien n’y a fait. Tout était prévu et tout arrive comme prévu.


Il faut se rendre à l’évidence, donc, il y a une population qui ne se sent pas concernée : ceux qui ne développent presque pas de symptômes, ceux qui ont peu de risques d’avoir plus qu’une grippe.

Ceux-là, il faut se le dire, qu’on le comprenne ou qu’on le déplore, on ne peut compter sur eux. Ils sont dans le refus, le déni, la bravoure ou la provocation. Ils sont dans la lassitude aussi, le ras-le-bol et la renonciation.

Qu’ils soient indifférents ou révoltés, qu’importe. On ne peut compter sur eux.


Et pour cause : Emmanuel Macron les a encouragés à vivre la situation ainsi

Il a fait le choix de préserver leur vie, leur mode de vie pour compenser peut-être d’une part la rigueur du confinement et d’autre part leur avenir réellement assombri par la catastrophe économique.


Nous étions nombreux, simples citoyens comme moi avec juste des yeux pour voir, mais surtout médecins, épidémiologistes, à alerter dès le mois de juin de ce qui allait arriver. 


Le gouvernement n’a pas pu ne pas entendre, n’a pas pu ne pas étudier les modèles et les projections. Ils ont fait un choix. Je pense que Macron a fait un choix : il faut laisser vivre et surtout la jeunesse, laisser se dérouler les vacances après le confinement.

Et quand certains lui disaient : la rentrée va être terrible, il répondait probablement : alors préparons-nous mais vivons. Laissons-les vivre, nous, eux, les asymptomatiques, les forces vives de la nation. Laissons vivre la société (c’est ce que dit Trump au fond) et naviguons entre ces deux contraintes : préserver au maximum la vie économique et sociale et sauver les meubles sanitaires. Nous mourrions tous d’un second confinement.


Comment blâmer la jeunesse de suivre ce choix et de ne pas se discipliner ? Elle est encouragée à le faire, elle est même quasiment sommée de le faire. 


Il faut se rendre à l’évidence, sauf à fermer tous les bars et tous les restaurants dans toutes les grandes villes, sauf à interdire les réunions de famille ou d’amis dans le privé (ce que fait l’Allemagne très en amont d’une seconde vague, autre choix), donc sauf à avoir le courage d’affronter les colères et la mauvaise foi, il faut lutter contre cette épidémie sans la collaboration de ceux qui ne risquent pas grand-chose.


Encore en ce moment des fêtes, des anniversaires en intérieur s’organisent à tout va, des bars-restaurants ne parviennent pas à faire respecter les règles.

On aura mis les moyens, discours, masques, tests… C’est la réalité d’aujourd’hui. Aucune campagne de communication, bonne ou mauvaise, ne semble pouvoir la changer. 


Alors je suppose qu’il faut organiser la société différemment.

Il faut protéger les uns en renonçant à la contribution des autres. 


Se protéger tout seul, se prendre en charge, refuser les visites tout seuls, porter et payer des masques (il faudrait distribuer gratuitement des N95), être en télétravail tout seuls, se démerder tout seuls.  


Emmanuel Macron a fait le choix de nous faire vivre séparément pour préserver l’économie et l’avenir. Toutes ces incertitudes, ces confusions, cette navigation à vue en sont les conséquences. 


La société solidaire a fait son temps. C’était celui du confinement. Celui où on sortait sur nos balcons pour applaudir le personnel soignant. Ce temps-là est révolu. On estime qu’il a coûté trop cher. C’est peut-être vrai.

Deux sociétés doivent maintenant cohabiter le temps de trouver un vaccin. 

Les jeunes sans les moins jeunes peut-être, les jeunes sans d’autres jeunes, les inconscients sans les inquiets, les insouciants sans les informés… 


Je traverse Paris aujourd’hui : il n’y a quasiment aucune différence entre avant et après le passage en alerte maximale. Tous les bars font restaurant aujourd’hui. Les tables sont toujours vaguement à un mètre les unes des autres, et à six places par table, souvent plus. Donc rien n’a changé. Seuls quelques bars qui ne savent même pas servir un sandwiche avec des chips ont fermé.



Il faut se préparer à ce que ça ne fléchisse pas de si tôt à Paris...

Nous payons aujourd’hui cher le ressentiment envers les élites, la défiance envers les politiques. Les unes et les autres n’ont plus aucune autorité. A qui la faute ? Aux politiques eux-mêmes ? Sûrement. Aux scientifiques ? Aux médecins ? Certainement pas.


Aujourd’hui les récalcitrants, les sceptiques, les élus démagogues, les enragés populistes partagent la responsabilité de l'accélaration épidémique avec ce gouvernement qui a peur de son ombre, incapable d’imposer une mesure sans la renier dès le lendemain. Aucune fermeté. Aucune autorité. 

Tous sont responsables : maires politicards, élus calculateurs et sans noblesse, scientifiques de plateau ivres de notoriété facile, journalistes démissionnaires, artistes et intellectuels qui versent de la poésie, des slogans et de la littérature sur le corps des malades et des morts.