23 août 2011

Un deuil violent (6 et fin)



La vérité
La vérité judiciaire a été proclamée.
Certains s’en trouvent frustrés. « On ne saura jamais la vérité » disent-ils. Quelle vérité ? Celle qui peut-être essaiera de se frayer un chemin lors de l’hypothétique procès civil ? Il s’agira alors de la parole de l’une contre la parole de l’autre. La vérité éclatera-t-elle vraiment d’une confrontation de récits ? Il est probable que non. Deux scénarios s’affronteront et l’abandon des charges pour le procès pénal révèle qu’on ne saurait attendre des éléments matériels une quelconque aide pour savoir ce qui s’est réellement passé.
On dit aussi : « la vérité, seules deux personnes la connaissent. »
Est-ce si sûr ? On s’accroche parfois à ses propres mensonges. On y croit sans réserve et on pourrait parfois mourir pour eux. Quand le mensonge va si loin que la vérité peut être létale, le mensonge devient la vérité au nom de laquelle on luttera à mort.
Ce dont ils ont été les protagonistes, peut-être le savent-ils, peut-être ne le savent-ils plus. L’un ment peut-être, oui, c’est possible. On aimerait le croire finalement. Une illusion qui nous resterait après ce maelström de fantasmes. Mais rien n’est sûr et il est également possible que chacun croit à sa vérité sans avoir le sentiment de se mentir ni à soi-même ni aux autres.
Ce qui est sûr, c’est que la vérité judiciaire, elle, a été dite. C’est celle qu’on a aujourd’hui. Et elle nous place devant un immense gâchis, et une véritable honte de ce que peut nous offrir le monde médiatique contemporain.
Le père.
Il a été tué, sans aucun doute. Lui qui voulait toutes les femmes, lui qui pouvait s’offrir toutes les femmes. Lui qui avait le savoir de ce qu’on vit (économie mondiale), lui sur lequel reposaient tant d’espoirs en France. Un espoir de père, de quelqu’un qui nous protège de l’inévitable mondialisation, qui sait y faire et qui serait quand même bienveillant (de gauche).
Il a été tué et la jouissance qui a accompagné le meurtre était à la mesure du traumatisme. DSK était juste un homme ? Il a eu tort de le croire. Non, c’était le père. 
Nous ne voulons pas du père. Nous le voulons mais nous ne le voulons pas. Nous préférons l’un des nôtres. Même s’il nous laisse totalement insatisfait. Sarkozy, par exemple. Celui qui aime l’argent (en tous les cas qui n’en a pas honte), celui, parmi nous, qui a la volonté, la détermination, l’envie. Celui qui est ambitieux, autoritaire, colérique. Celui qui s’agite, parfois pour le succès, parfois pour l'échec. Sarkozy est des nôtres. C’est pourquoi on peut lui en vouloir d’ailleurs. Il a nos défauts. Alors qu'il a le pouvoir.
Mais le père… Celui qui va nous apaiser, celui sur qui on va se reposer, celui qui fort de l’autorité, du savoir, de l’expérience acquise au FMI allait revenir à la maison s’occuper de nous… Celui-là, il aime les femmes dit-on. C’est normal. Le père aime les femmes. Il n’est pas castré comme nous. C’est le père de la horde primitive de Freud.
Eh bien celui-là, on l’abat. C’est la curée. Il prête le flanc et on le coupe en deux.
Le plus cruel, bien sûr, c’est qu’il l’ignorait. Il ignorait ce qui se tramait. C’est peut-être sa faute. Sa vraie faute.

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