Moi je pleure parce que je crois qu’il n’y a rien de plus
triste qu’une jeunesse fauchée dans son insouciance. Je ne dis pas « rien
de plus choquant », ni « rien de plus horrible », je dis :
rien de plus triste.
Ils n’étaient pas préparés, ils n’étaient pas combattants.
Ils n’étaient même pas haineux. Et pour la plupart d’entre eux, il est probable
qu’ils étaient tolérants, généreux, prêts à accueillir l’altérité avec
enthousiasme. Ils recherchaient probablement la présence de l’autre. Ils n’en avaient pas peur.
Ils n’étaient pas des ennemis.
Il est probable que pour eux il n’y avait pas de mécréant,
de blasphémateur. Ils n’étaient pas sectaires.
Ils ont été tués parce qu’ils ne se méfiaient pas. Ils
n’étaient pas armés, ils n’étaient pas aux aguets.
Je pleure parce qu’il n’y a rien de plus triste que cette
jeunesse kidnappée dans sa volonté de vivre, sa joie d’échapper momentanément à
la cruauté de l’existence.
Tant de vies stoppées, d’espoirs effacés, d’avenirs
évanouis.
Laissant d’autres insouciants dans la stupeur et la
sidération.
Laissant du malheur incommensurable autour de nous, les
enfants, les amoureux, les parents, les amis.
Rien de plus triste que ces rires figés à jamais.
Je pleure pour cette jeunesse décimée, cette jeunesse en moi
et en mes amours.
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