05 avril 2022

Le vrai monde d’après

De nouveau le monde est sali.

Il a été sali par Hitler, par Staline, par Mao, par Pol Pot.

Aujourd’hui nous sommes salis par Poutine.

Mais nous sommes salis et nous ne nous en remettrons pas.

Nous ne nous remettrons pas de notre impuissance. La Russie n’est pas la Serbie, n’est pas la Syrie. C’est une puissance nucléaire. On ne peut lui faire la guerre sans prendre le risque de nous détruire nous-mêmes. Une guerre nucléaire, personne ne la gagne. Tout le monde la perd. Pour plusieurs dizaines de générations probablement.

 

Alors on fait avec les moyens du bord. Des sanctions, de l’aide militaire, des menaces.

Les Ukrainiens nous en veulent. On les comprend. Eux, ils n’ont déjà plus rien à perdre. 

Mais on ne peut pas entrer dans la fournaise.

Ça m'évoque les appels incessants de Paul Reynaud auprès de Churchill pour lui demander toujours plus d’avions. Churchill ne pouvait les lui donner tous. Il voyait la France sombrer. Tous les avions qu’il donnait partaient se faire détruire. Il devait en garder un peu pour son pays qui allait bientôt se retrouver tout seul face à un continent entier occupé par les nazis.

 

Ils ont beau changer les sens des mots, appeler nazis les Ukrainiens qu’ils massacrent, le sens des mots leur échappe. Derrière le nazi il y a une réalité. Et aujourd’hui cette réalité est plus russe que n’importe quoi d’autre. Certainement pas ukrainienne.

 

Et après ? Quand ça sera fini ? La candidate du RN dit : on s’alliera avec Poutine contre le terrorisme.

Non, ça ne se fera pas. Il y aura peut-être des ennemis communs mais ça ne se fera pas.

 

C’est définitif. Il ne pourra plus être sur la photo. Et si jamais il l’est c’est que nous aurons changé de bord, passé sur l’autre rive. Celle de la damnation historique. C’est ce qu’elle nous propose. Elle propose de détruire ce qu’est la France.

 

Non, on parlera peut-être avec lui pour faire la paix, pour qu’il cesse ses massacres. Mais nous ne vivrons plus dans le même monde.

Poutine vient de faire de son pays une sorte de Corée du Nord. Il a baissé le rideau sur son peuple et son humanité.

Nous ne perdrons pas la nôtre à l’oublier ou à composer.

Nous préserverons la paix mondiale si c’est possible mais il ne fera plus partie de notre communauté de nations.

C’est pourquoi il n’y aura plus jamais de paix tant qu’il sera au pouvoir. 

Il y aura une cohabitation, la paix et la considération, non.

Et le peuple russe ? Le peuple russe est la victime de Poutine. S’il veut se sauver il doit se débarrasser de lui. Ou partir.

On ne reste pas dans l’Allemagne nazie. On ne reste pas dans la Russie de Poutine.

On peut encore quitter la Russie. En Corée du Nord on ne peut pas.


C’est fini.

Vous voyez s’écrouler votre monde. Vous le voyez se salir. Là, maintenant. Pas dans les livres d’histoire, pas dans les films historiques. 

Aujourd’hui, ici.

Vous pouvez en trembler. Nous pouvons en trembler.

Et le pire est à venir bien sûr. Il n’y a plus de paix envisageable. Il n’y aura plus que des pauses ou des accalmies. Ou une déflagration finale et définitive. Ça n’est pas improbable. On a des limites. L’esclavage ne sera pas notre destin.

Le pire est à venir car on ne peut plus rien effacer et seule la fuite en avant est son issue. Nous ne pouvons plus arrêter la justice, la honte, le dégoût.

 

Les jeunes peuvent aujourd’hui écrire les livres d’histoire de demain. 

Non il ne s’agit pas d’une actualité brûlante faisant la Une des journaux.

Il s’agit de l’écroulement d’un monde. Dans ces moments-là les bascules sont violentes.

Un pays comme la France peut changer de bord radicalement, sombrer aussi. Comme à l’époque de la collaboration, la France peut se saborder. Une crise de nerf nationale.

On a des figures pour l’incarner. Des figures qui se salissent déjà et nous saloperont avec elles. Des figures sans dignité toutes empêtrées dans leur volonté de puissance, leur aveuglement idéologique.

On ne s’en remettra pas non plus de ça. Peut-être prendront ils le pouvoir, peut-être prendra-t-elle le pouvoir. La France ne s’en remettra pas. Economiquement, socialement et aussi moralement.

Mais quoi qu’il arrive, la salissure du monde décidée par Poutine nous éclabousse déjà et les tâches ne disparaîtront jamais. La salissure nous engloutira pour longtemps.

 

Votez qui vous voulez mais sachez qu’il n’y a pas d’issue de secours, pas d’échappatoire.

Il n’y aura que des regrets, des remords, des cris de rage si jamais vous pensez qu’il y a des réalités plus importantes que celle-là. Elle vous touchera, elle vous blessera plus que n’importe quelle autre. Elle emportera tout.

Il ne faut pas fermer les yeux sur l’histoire en train de se faire. Il faut la regarder en face et se préparer à la tempête.  

On parlait du monde d’après. Il devait être plus propre, plus juste, plus respectueux de la planète. Le monde d’après le virus…

Le vrai monde d’après est déjà sale, écorché. La planète n’est pas plus respectée que l’humain.

Le monde d’après est en train de naître sous nos yeux, dans une douleur intense. La seule interrogation, la seule mobilisation qui vaille est celle-là : comment faire avec ce monde où la barbarie a refait surface ? Comment faire avec cette nouvelle réalité qui balaiera toutes les autres ?

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