Semaine sympathique encore.
Il nous restait encore un petit clip d’une trentaine de
secondes à insérer dans le film. Une séquence composée d’images d’archives. On
a reçu les archives au compte goutte et aujourd’hui encore ce n’est toujours
pas complet. Voilà, le montage image n’était pas encore totalement terminé.
Lundi après midi j'avais un rendez-vous avec le boss d’Europa
Corp, le dernier à ne pas avoir pas vu le film (à part Luc Besson qui attend la
version finale). Bon rendez-vous, accueil agréable, bonne impression sur le
film. Mais Patatra ! Il me suggère des changements. Pas beaucoup. Mais
certains sont relativement lourds. Pour rendre le film encore meilleur me
dit-il. Pour le rendre parfait. Pourquoi pas ? Je suis assez serein
maintenant pour accueillir des suggestions.
Il faut que je les digère, que je vérifie si elles font écho
en moi, si elles m’inspirent quelque chose. Je ne veux pas ne pas aimer un
millimètre de mon film, même au nom de l’efficacité. Ce film est une telle
alchimie ! Un thriller vendu par le teaser qui est extrêmement
efficace ? Oui mais aussi et surtout une histoire d’amour que j’espère
inédite. De la chair tremblante, un fluide d’or en fusion qui coule dans les
rouages de la mécanique. Non, ce film n’est pas qu’un thriller. C’est bien
plus. Ce n’est pas un film de genre. Ce film est émotionnel. Je le veux
palpitant comme un cœur pendant l’amour. JD et CdF ne sont pas là pour jouer
une partition mécanique. Ils sont là pour qu’on tremble avec eux, que l’on
tremble d’émotion. C’est ce
que je leur ai demandé. C’est ce qu’ils ont donné. C’est ce que je veux rendre.
Je réfléchis donc, un peu déprimé, aux suggestions qu’on m’a
faites. J’ai peur que le château de cartes si fragile s’effondre.
En plus c’est trop tard. Le montage son a commencé depuis
longtemps. La post synchro aussi. Et on n’a plus le temps d’évaluer avec recul
les retouches qu’on concèderait. Grosse déprime. Je suis lessivé. Remettre de
nouveau le film sur le métier. Nous laissons passer quelques jours pour digérer
tout ça. Je ne suis pratiquement d’accord avec rien. J’ai même du mal à
comprendre. Et j’ai peur. Peur de distordre le film. Et pourtant nous nous
devons d’en tenir compte. Ne serait-ce que par acquis de conscience.
Nous laissons passer un peu de temps, travaillant la post synchro
encore. Et aujourd’hui on s’y met de nouveau. Nous essayons quelques trucs
cosmétiques. Puis nous osons encore des modifications plus importantes, sachant
que tous ceux qui travaillent sur le film vont devoir de nouveau s’adapter : monteurs sons, monteurs parole,
bruiteur, post synchro. Ils vont devoir tous modifier leur travail en
conséquence. Virer les sons des plans qui sautent, travailler ceux qui
s’ajoutent.
Mais nous sortons relativement contents de cette séance de
travail. Nous n’avons pas encore assez de recul pour savoir si ce qu’on a fait
est bien. Mais l’impression est bonne.
C’est le problème. A partir de maintenant tout va très vite.
Tout se fait en même temps. Je cours à droite à gauche, mettre le nez de la
mise en scène partout où je peux. C'est à dire partout. Et l’image qui change encore ! Ça donne
le tournis. L’urgence rend chaque modification périlleuse.
C’est la Post Production. Le film continue de se faire à
moins de trois mois de la sortie. Ne jamais baisser les bras. C’est parfois
terriblement angoissant, déprimant. On a peur de céder, de se déjuger, de se
tromper. En fin de semaine prochaine je serai à Bruxelles pour le bruitage. On
entre en mixage dans dix jours. Et quand on entre en mixage, le sort en est
jeté. L’image est scellée. On ne touche plus à rien. Encore dix jours… avant de
mettre un point final à l’image de Möbius.
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