18 mai 2011

Un deuil violent (1)

DSK au FMI c'est quoi ? C'est un réalisme et une intelligence mise au service d'une tendance de gauche dans le contexte de la mondialisation. Et c'est ça que certains attendaient pour la France. Ni une gauche velléitaire et obsolète, ni une droite méprisante et abusive, mais une certaine volonté de réduire les inégalités sociales, de se soucier des plus humbles, intégrant la prise en compte lucide de la globalisation et des réalités économiques mondiales.
DSK dans la chambre d’hôtel c’est quoi exactement ? Aujourd’hui, avant le procès, les débats contradictoires, donc simplement avant la connaissance des faits, c’est la trahison brutale ou l’abandon sauvage des gens qui avaient investi dans cette perspective politique pour la France.
C’est un avion rempli de millions d’électeurs potentiels qui vient de s’écraser.
Il est là le choc ! A moins de condamner l’homme avant la justice, et de connaître les faits avant la police.
Qu’une pulsion misérable se révèle capable de terrasser une immense ambition, qu’un odieux (et illusoire) sentiment d’impunité vienne mettre un terme définitif à la promesse d’un destin grandiose, ou qu’une naïveté criminelle baisse la garde devant une adversité soit insidieuse soit impitoyable mais quoiqu’il arrive brillante et redoutable (thèse du piège latent ou patent), le résultat est aujourd’hui le même et le seul susceptible de commentaire : Ce n’est pas le PS qui est humilié, ce n’est pas la France, ce n’est pas la victime supposée (car supposée), ce sont tous ceux qui voyaient en DSK une perspective. Ce sont eux qui sont humiliés.
Que l’on saisisse ici l’occasion de parler de la condition des femmes, de la brutalité des hommes, du drame vécu par les victimes de viols ou d’agressions sexuelle est tout à fait légitime, mais c’est dès aujourd’hui condamner un présumé innocent, trancher avant la justice, juger à l’aveugle sur la foi des rumeurs et sous la pression de l’extraordinaire machine à fantasme qu’est Internet.
Aujourd’hui, ce qui est tangible, et ce au sujet de quoi la colère peut monter, c’est bien qu’avec le suicide politique de DSK, ou le meurtre politique de DSK, les premières victimes réelles et identifiables sont ceux qui s’apprêtaient à voter pour lui.
(suite à venir)

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