24 février 2012

L'appauvrissement du débat

Quelque chose se passe dans cette campagne depuis que Nicolas Sarkozy s'est déclaré.
Un appauvrissement du débat, un changement de domaine.
Avant, il y avait la crise, de gauche ou de droite, chacun devait se déterminer.
Sarkozy espérait que cette crise soit celle de la gauche, qu'elle signe la fin d'un certain romantisme social. La gauche, elle, devait préciser sa position sur la mondialisation : qu'en faire, comment faire ?
Malgré tout, il y a quelques mois, quelques semaines, un vrai débat de société pouvait avoir lieu. Il est certain que si Juppé ou Fillon avaient été candidat plutôt que Sarkozy, ce débat réellement politique aurait eu lieu, obligeant les uns et les autres à réellement penser leur positionnement, leurs idéaux, leurs objectifs idéologiques et politiques.
Malheureusement ce n'est pas cas. C'est le président sortant qui se présente, avec son bilan.
Cette entrée en campagne se fait sous le signe de la tactique politique.
Sarkozy, dit-on, est obligé de frapper fort, de "lâcher ses coups" comme disent certains journalistes (ce qui montre le niveau de leur réflexion), de créer l'événement s'il veut inverser une tendance que les sondages indiquent comme défavorables.
Et c'est là que la campagne prend un tournant désagréable. Elle est devenue médiatique, événementielle. Et c'est jusqu'aux propositions (une par jour ?) du candidat sortant qui exhalent un parfum sinon d'arnaque en tous les cas de jeu politicien, loin d'une réflexion approfondie sur la situation et le positionnement politique.
Les attaques de Sarkozy, relayées par ses "warriors", le couteau entre le dents, induisent une nouvelle campagne. Une campagne de coups, un concours d'habileté.
Le soucis c'est que François Hollande n'a pas le choix que de le suivre sur le même terrain. Pourquoi ? Parce que c'est le terrain des médias. Il n'y a qu'à voir Marine Le Pen invitée à débattre contre Mélenchon. Elle a raison de s'offusquer. Pourquoi la confronter à Melenchon alors que le vrai débat s'articule autour de la République. Il aurait fallu la confronter à ceux qu'elle attaque vraiment : les tenants du "système", les républicains.
Mais non. Le spectacle commande et le cirque a commencé.
L'entrée de Sarkozy en campagne oblige Hollande à se situer sur ce terrain du spectacle et entraîne un véritable appauvrissement du débat. Pire ! Il fait de nouveau écran à la réflexion, au vrai bilan politique qu'est une élection présidentielle.
L'honnêteté ou la victoire, voilà le vrai slogan de Sarkozy aujourd'hui.
Mais on pourrait le compléter de :
La pensé ou la victoire
La responsabilité (politique) ou la victoire.
Le résultat sera un probable affaissement des deux candidats dans les intentions de vote. J'en suis convaincu. Le cirque médiatique va les affaiblir tous les deux. Car je pense que les gens ne seront pas dupes. Et du coup aucune propositions, même intéressante, ne sera crédible.
La campagne va devenir assourdissante et donc malsaine, inintéressante.
Sarkozy aura une responsabilité dans cette situation.
Mais Hollande peut-il refuser ce diktat ? Il le devrait mais le risque est de disparaître dans les médias. Il est aliéné donc à la tactique de Sarkozy.
Que n'approfondit-il pas ses propositions sur l'éducation ! Parce que si crise il y a, si efforts il doit y avoir, il avait raison de dire que cela implique des priorités, de donner "un sens à la rigueur". cent fois raisons. Mais il est à craindre qu'il ne puisse développer. Pas le temps. Pas médiatique. Et en rester à cette ébauche de proposition consistant à réduire cet objectif prioritaire à un seul slogan : embaucher 60 000 personnes en plus. Ce n'est pas suffisant, ce n'est pas à la hauteur de l'objectif.
Mais la hauteur n'est plus à l'ordre du jour depuis que le président sortant a décidé de sortir les griffes pour garder sa place.
Dommage.
Comme d'habitude.

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